Virgin Mobile, un premier pas vers l'indépendance

Virgin Mobile, un premier pas vers l'indépendance
Par Redac - publié le 07/06/2011 à 00h00

Le Magazine Les Echos a obtenu une interview avec Geoffroy Roux de Bézieux, le Président du Groupe Omea Telecom afin de discuter des projets et de la stratégie en matière de Telecom au cours des prochains mois.
Avec Virgin Mobile, Tele2, Breizh Mobile, Casino, tous les opérateurs mobiles virtuels (MVNO) du groupe Omea Telecom s'émancipent. Sans construire leur propre réseau, ils vont pouvoir gérer eux-mêmes leurs clients dès le début de 2012 et propser des services encore plus complets. Ce statut de « full MVNO » leur a été accordé par SFR. Ils se projettent également en tant que fournisseur ADSL avec une offre quadruple play proposée au catalogue Virgin Mobile courant 2012.  Voici les propos recueillis par le magazine:

Pourquoi vouliez-vous tant devenir full MVNO ?

En devenant opérateur mobile dégroupé -je n'aime pas qu'on dise « virtuel » -on prend le contrôle complet de l'abonné, de la carte SIM et de ce que le client a le droit ou non de faire. Cela nous permet de passer d'un réseau d'antenne à l'autre très facilement, sans changer la carte SIM. Nous allons pouvoir nous aussi mieux négocier nos prix, ce qui est une bonne nouvelle pour la pérennité de notre modèle économique et pour nos clients.

Qu‘est-ce qui va changer pour vos clients ?

Les baisses de prix sur le mobile ont déjà été spectaculaires depuis dix-huit mois, ce n'est donc pas là où vont porter nos efforts. Grâce à cette autonomie nouvelle, nous serons capables de leur offrir des services innovants. Nous pourrons par exemple bâtir une offre familiale où les parents ont un forfait qui permet de recharger les formules prépayées des enfants. Nous allons imaginer de nouvelles formes de segmentation des offres d'Internet mobile, pas seulement au volume consommé. On pourra aussi proposer des recharges payantes lorsque le forfait plafonné à 200 mégaoctets de données arrive au bout.

Pourquoi les opérateurs de réseau, si rétifs à l'idée du full MVNO, ont-ils cédé ?

Malgré dix-huit mois de discussions, Orange, avec qui nous travaillons depuis sept ans, ne veut toujours pas nous permettre de dégrouper le mobile. Nous nous sommes donc tournés vers SFR, avec qui nous avons signé un contrat de 5 ans renouvelable. Cet opérateur a fait preuve d'un très grand dynamisme commercial du sommet à la base. Leur décision n'a selon moi pas été prise pour complaire au régulateur, qui veut favoriser le modèle dégroupé. Tout simplement SFR veut faire du business. Or Omea va atteindre 2 millions de clients dans quelques semaines, dont plus des deux tiers chez Virgin Mobile. L'ensemble des achats du groupe sur cinq ans dépassera largement le milliard d'euros.

Concrètement, comment allez-vous basculer votre base de clientèle ?

Nous ne quittons pas complètement Orange. Au départ seuls les nouveaux clients bénéficieront du changement, ainsi que ceux qui renouvelleront leur mobile. Ensuite nous arbitrerons en fonction du prix, du débit et de la couverture de nos fournisseurs.

Combien cela va-t-il coûter ?

Nous devons connecter notre propre équipement de réseau, ou « home location register » (HLR) chez SFR, en double pour plus de sécurité. Il faudra aussi assurer des développements logiciels. Les investissements vont porter sur plusieurs dizaines de millions d'euros. Nous avons d'ailleurs signé un contrat d'équipement auprès d'Ericsson. Nous changeons de métier. Alors que nous étions un revendeur, concentré sur la connaissance du client et le marketing, nous serons opérateur télécoms à part entière, avec de nouvelles compétences à acquérir.

Allez-vous lancer votre propre box Internet, et avec qui ?

Oui, nous allons proposer d'ici à 2012 un service « quadruple play » en ADSL sur le réseau fixe de SFR. C'est d'ailleurs grâce à cette capacité de nous offrir du fixe et du mobile que SFR a gagné le marché. Quant à la box, nous ne savons pas encore si ce sera celle de SFR ou bien si nous nous fournirons directement auprès des constructeurs. Nous avons déjà négocié avec de très nombreuses chaînes pour diffuser leurs programmes. Mais il n'est pas question de lancer une box pour la box : ce serait arriver dix ans après la bataille. Nous voulons juste coupler l'Internet, la télévision, la téléphonie fixe et le mobile pour répondre à la demande de nos clients actuels. Car avec Ideo de Bouygues, Open d'Orange, les multipacks de SFR, le marché du « quadruple play » a pris. C'est une spécificité française. Nous le ferons uniquement sous la marque Virgin Mobile. Nous espérons recruter plusieurs centaines de milliers de clients.

Serez-vous candidat à une fréquence 4G ?

Non, car l'appel d'offres n'a pas été conçu pour un cinquième entrant pour lequel il n'y a pas de modèle économique. Le calendrier, d'abord : il faut payer très cher tout de suite pour un réseau qui ne rapportera rien avant 3 ou 4 ans. Puis c'est risqué. Vous devez enchérir pour une fréquence 2,6 GHz, efficace en zone urbaine, sans savoir si vous aurez droit à du 800 MHz, qui permet de couvrir le reste du territoire. Quant au 800 MHz, les prix de réserve sont très élevés, et il n'y a que 4 blocs prévus. Plus tard, rien ne nous empêchera de racheter en gros des fréquences 4G, ou de signer d'autres accords de dégroupage mobile. Avec cet appel d'offres, chaque candidat devra en effet se prononcer sur ce modèle. Cela va certainement donner des idées à d'autres.

Source : Les Echos

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