L'usurpation de numéros, un fléau qui explose
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : depuis janvier 2025, l'ARCEP a enregistré près de 18 000 signalements d'usurpation de numéros via sa plateforme "J'alerte l'ARCEP". Ces signalements révèlent que les fraudeurs parviennent toujours à contourner les dispositifs mis en place, notamment le mécanisme d'authentification des numéros d'appelant déployé en 2023.
Le scénario est devenu tristement banal : des escrocs, souvent basés hors de l'Union européenne, usurpent aléatoirement des numéros mobiles français pour augmenter leurs chances que leurs victimes décrochent. Ces usurpations, bien que généralement de courte durée, provoquent une situation intenable pour les propriétaires légitimes des numéros détournés. Ces derniers reçoivent en effet des appels de personnes mécontentes, leur reprochant des sollicitations qu'ils n'ont jamais émises.
Malgré les efforts déployés, le système actuel montre ses limites. Les algorithmes de détection ne peuvent pas toujours distinguer un appel légitime d'un appel frauduleux lorsque l'authentification échoue pour des raisons techniques. C'est précisément ce problème que l'ARCEP entend résoudre avec sa nouvelle approche.
Une nouvelle définition du "numéro masqué"
À partir du 1er janvier 2026, la notion d'appel masqué va considérablement évoluer. Jusqu'ici, cette mention signifiait essentiellement qu'un appelant avait volontairement choisi de cacher son numéro. Désormais, elle recouvrira deux situations distinctes : soit l'appelant a souhaité masquer son identifiant, soit le numéro affiché n'a pas pu être authentifié pour des raisons techniques.
Concrètement, les opérateurs devront automatiquement masquer tout appel provenant de l'étranger et présentant un numéro mobile français qui n'a pas pu être authentifié. Cette mesure s'applique également à l'ensemble des cas où l'authentification du numéro ne peut être assurée techniquement, notamment avec certains équipements de téléphonie anciens ou limités.
L'objectif est clair : tant que tous les appels en itinérance ne sont pas authentifiés de manière fiable, mieux vaut masquer les numéros douteux plutôt que de risquer d'afficher des identifiants usurpés. Cette approche permet de restaurer la confiance dans les numéros qui sont effectivement présentés. Si un numéro s'affiche, c'est qu'il a été authentifié et qu'il est donc très probablement légitime.
Une bonne nouvelle déguisée pour les utilisateurs
Même si la multiplication des appels masqués peut sembler contre-intuitive, cette mesure présente des avantages concrets pour les consommateurs. En premier lieu, elle protège les propriétaires de numéros mobiles contre les usurpations. Fini les journées passées à répondre à des personnes irritées qui vous reprochent des appels que vous n'avez jamais émis.
Ensuite, cette évolution permet de simplifier les décisions des utilisateurs. Un numéro qui s'affiche clairement devient un gage de légitimité accru. À l'inverse, un appel masqué incite naturellement à la prudence, ce qui est cohérent avec l'objectif de lutte contre la fraude. L'ARCEP estime qu'à fin 2026, plus de 80% des appels en itinérance devraient être correctement authentifiés, réduisant progressivement le nombre d'appels masqués légitimes.
La mesure s'appliquera dans tout l'Hexagone dès le début 2026, à l'exception notable de Saint-Martin où l'échéance est repoussée au 1er janvier 2028 en raison de particularités locales et d'accords d'itinérance spécifiques. Cette transition progressive permet aux infrastructures techniques de s'adapter tout en maintenant la continuité du service.
Au-delà du masquage automatique, l'ARCEP continue de renforcer son arsenal réglementaire avec des contrôles accrus et des sanctions pour les opérateurs qui ne respecteraient pas ces nouvelles obligations. L'autorité mise sur une approche globale combinant mesures techniques et responsabilisation des acteurs pour enfin endiguer le fléau des usurpations de numéros.