
Les SMS, une révolution technologique et culturelle
« Bjr », « Slt », « TFK »… Si certaines de ces abréviations sont aujourd’hui aussi répandues, c’est en grande partie grâce aux SMS. Depuis le fameux « Merry Christmas » transmis depuis un ordinateur vers un téléphone Orbitel 901 ce 3 décembre 1992, les SMS (Short Message Service) ont créé une nouvelle façon de communiquer.
Véritable phénomène culturel, ces messages courts ont rapidement été adoptés à travers le monde.
Au cours des années 2000, communiquer par SMS est la norme, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. Pour contourner la limite de 160 caractères imposée par message, le « langage SMS » se crée et s’enrichit naturellement. Abréviations et smileys rudimentaires permettent de condenser efficacement les pensées.
Avec l’essor des forfaits illimités, les opérateurs téléphoniques enregistrent des records historiques : plus de 8 000 milliards de messages échangés annuellement à travers le monde en 2012. Les SMS sont alors à leur apogée.
Mais c’est également le début du déclin !
Une chute vertigineuse qui n’en finit pas
A partir de 2012, les choses changent. Les rapports de l'Union internationale des télécommunications révèlent une diminution constante des SMS échangés au cours des années suivantes. En Europe, comme en Amérique du Nord et dans le reste du monde, les volumes de textos entre individus baissent drastiquement chaque année.
En France, depuis 2020, l’on est passé de 139,9 milliards de SMS à 93,1 milliards pour le compte de l’année 2024. Entre 2023 et 2024, ce sont environ 10,7 milliards de SMS en moins qui se sont échangés.
Cette chute traduit un abandon progressif de cette technologie, notamment chez les jeunes utilisateurs. A l’opposé d’une partie des utilisateurs de plus de 45 ans, les « digital natives » privilégient en effet des solutions de messagerie plus récentes aux textos.
Les SMS : une page qui se tourne ?
En première ligne des motifs justifiant le désintérêt manifeste pour les SMS classiques, il y a, bien entendu, l’avènement des nouvelles solutions de messagerie instantanée.
En effet, WhatsApp, Telegram, Signal, Messenger et les autres applications transforment radicalement l'expérience utilisateur.
Ces plateformes offrent des fonctionnalités enrichies particulièrement intéressantes : messages vocaux, partage de fichiers, appels vidéo, conversations de groupe illimitées, confirmations de réception et de lecture des messages, etc.
Avec leur plafond de 160 caractères et l’impossibilité d’intégrer du contenu multimédia, les SMS paraissent tout de suite archaïques. De plus, en l'absence de chiffrement de bout en bout, rien ne garantit vraiment la confidentialité des échanges.
Autre argument de taille en faveur de ces nouvelles technologies : les coûts d’utilisation. Fonctionnant via Internet, les nouvelles applications de messagerie rendent les communications gratuites ou quasi-gratuites. En face, les forfaits SMS illimités manquent désormais d’intérêt.
Dans de telles conditions, difficile d’imaginer un futur retour en grâce des SMS dans les habitudes de communication des utilisateurs.
RCS : le « nouveau SMS » ?
Face à cette obsolescence programmée, l'industrie mobile a développé une parade : le RCS (Rich Communication Services).
Une technologie de transition
Le RCS combine les avantages des SMS classiques avec les fonctionnalités modernes attendues par les utilisateurs. Cette solution native intègre directement dans l'application de messagerie par défaut des smartphones, tout ce qu’il faut pour une expérience de messagerie instantanée en phase avec les besoins actuels : partage de photos en haute résolution, messages vocaux, accusés de réception, indicateurs de frappe en temps réel, etc.
La bonne nouvelle, c’est que le RCS est, non seulement, déjà complètement développé, mais qu’en plus, il est déjà discrètement déployé par les deux géants aux commandes des systèmes d’exploitation mobiles : Google (Android) et Apple (iOS).
Actuellement, chacun d’eux déploie progressivement cette technologie sur son écosystème respectif. Android Messages active automatiquement le RCS depuis 2019, tandis qu'Apple l'intègre dans iMessage depuis iOS 18.
Un avenir incertain mais prometteur
Cependant, l'adoption du RCS reste progressive et inégale selon les régions. Certains opérateurs traînent encore le pas, tandis que du côté des utilisateurs, ceux qui y ont accès découvrent lentement ces nouvelles possibilités, souvent sans réaliser qu'ils sont déjà en train d’utiliser le RCS.
La transition SMS vers RCS s’effectue donc tout en douceur, avec des incertitudes sur la réussite de cette ultime tentative de l'industrie mobile pour préserver la messagerie native face aux applications des géants du numérique.
Dans tous les cas, les textos, tels que nous les avons connus jusque-là sont bel et bien en train de disparaître du paysage…